jeudi 19 mai 2022

Moderniser sa DAF : vite, de l’humain !

Il en va de la DAF comme des autres métiers : la transformation digitale bouleverse les pratiques, les usages, les outils ou encore l’organisation. Sauf qu’ici il y a vraiment urgence. Sans une remise en question profonde et rapide, en restant au statu quo actuel les DAF courent à la catastrophe. Et risqueraient tout simplement leur disparition… faute de combattants. État des lieux, et quelques idées pour moderniser sa DAF à partir de l’humain.
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Sans vouloir faire de catastrophisme ni jouer les oiseaux de mauvais augure, la situation des DAF dans les grandes entreprises ou les ETI est parfois alarmante. 

En matière de RH, d’abord. Est-on à même de mesurer le coût du turnover dans une DAF ? Car les métiers de la comptabilité et de la finance, ce n’est pas seulement les chiffres mais aussi humain. Et l’on sait que la transformation remet l’humain au cœur du changement. Or, entre crise des vocations, délocalisations, relocalisations, etc. une crise systémique sévit depuis plusieurs années, qui est structurelle car clairement culturelle au sein de l’entreprise.

Des métiers sur la défensive et peu accessibles à la rupture

Un exemple : on ne trouve quasiment plus d’experts comptables parmi les stagiaires, et les DAF doivent souvent faire appel Ă  des anciens. Surtout, il semble y avoir un problème propre Ă  la fonction : les mĂ©tiers de la DAF sont philosophiquement « gardiens du passĂ© Â» ; l’on attend d’eux d’être garants des règles, de la conformité… Des mĂ©tiers par nature un peu sur la dĂ©fensive, peu accessibles Ă  la rupture. La fameuse disruption technologique que l’on connait dans de nombreux domaines, on ne la trouve pas, ou peu, dans les DAF.

Du coup un statu quo s’est installĂ©. Le turn over est important : jusqu’à 10% par an, certes faible par rapport au conseil mais ici très grave de par la nature mĂŞme du mĂ©tier, et avec des pics Ă  20% dans le contrĂ´le de gestion.

L’état des lieux est donc inquiĂ©tant. Si ce statu quo perdure, aura-t-on une disparition des DAF faute de combattants ?

D’autant qu’un autre Ă©cueil vient se greffer : le silotage historique de la DAF, Ă  la fois pour des raisons de sĂ©curitĂ© que celles Ă©voquĂ©es plus haut.

Des pertes Ă©conomiques qui en dĂ©coulent sont souvent visibles, mais Ă  l’extĂ©rieur du service : perte de compĂ©tences des business partners (la qualitĂ© des donnĂ©es entrantes baisse, il faut plus de temps pour « rĂ©parer Â») ; coĂ»t du repositionnement post-crash ;perte de productivitĂ© Ă  cause de la non-maitrise des data (des donnĂ©es qui sont atomisĂ©es, non homogĂ©nĂ©isĂ©es, non traitĂ©es…).

Moderniser sa DAF : un dĂ©fi culturel

Ce constat est bien partagĂ© par les DAF. Le « mal Â» est assez profond, le risque est majeur et l’on commence Ă  peine Ă  s’en apercevoir dans certaines entreprises. Mais la profession ne sait pas rĂ©ellement isoler les causes Ă  traiter. A la traine sur le management 3.0 alors que les jeunes gĂ©nĂ©rations veulent du lien ? Culture du rĂ©alisĂ© ? Adeptes du « relevĂ© de compteur Â» ?

Des solutions existent pourtant, et sont à portée de main. Sur le fond, c’est un véritable chantier de changement culturel qui doit s’opérer.

L’approche DAF doit ĂŞtre modernisĂ©e : l’humain sera replacĂ© au cĹ“ur, une grande partie des Ă©checs de la transformation venant de lĂ . L’on doit aussidonner du sens Ă  la finance : la fonction a besoin demieux rĂ©colter ses informations, d’être plusouverte, demoderniser ses interfaces, de sortir de l’austĂ©ritĂ© technique… Mais aussi d’adopter despratiques collaboratives, de revoir les processus managĂ©riaux, la gestion des contenus, la gestion des trajectoires.

La DAF nourrira une culture propre, tout en maintenant des compétences avec une vision transversale des métiers. Pour attirer les talents, on jouera le multiculturalisme, la formation au plus tôt (dans une pépinière), on donnera des perspectives…

Bref, il faudra savoir travailler en Ă©cosystème de compĂ©tences, en liens avec les autres services, en dehors des silos.  

Appliquer les best practices du management 3.0

Concrètement, on va se doter des outils modernes : progiciels, BI, IA, data…

Et surtout on s’appuiera sur six grands facteurs d’engagement qui sont au cĹ“ur du management 3.0 :

  • une vision porteuse de sens 
  • des informations disponibles 
  • une culture managĂ©riale capable d’impliquer
  • des principes et dispositifs de reconnaissance efficaces 
  • des modes de prises de dĂ©cision permettant que chacun contribue et se sente responsable du succès 
  • des pratiques collaboratives et de l’automatisation

Face au contexte, avec comme spĂ©cificitĂ©s une criticitĂ© de l’information, une crise de sens de la fonction, une DAF vĂ©ritable parent pauvre de la transformation, il s’agit de sortir de la situation en bout de chaine oĂą elle subit. La DAF ne doit plus ĂŞtre une structure de coĂ»t et de contrĂ´le, mais un driver de crĂ©ation de valeur car les dĂ©cisions qui y sont prises impactent directement la valeur.

Bref, il faut remettre de l’humain au milieu des chiffres. Pour ne pas risquer la disparition, faute de combattants.

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